La production d’hydrogène vert, obtenu par électrolyse de l’eau à partir d’énergies renouvelables, est un élément clé de la transition énergétique mondiale. Ce procédé offre la possibilité de décarboner des secteurs industriels gourmands en énergie et de stocker de l’électricité verte à grande échelle. Son expansion suscite un intérêt grandissant, notamment dans les zones bénéficiant d’un fort ensoleillement et de vents favorables, comme le Maghreb. Pour l’Europe, en quête de sources d’approvisionnement durables, l’hydrogène vert représente une opportunité de réduire sa dépendance aux énergies fossiles tout en atteignant ses objectifs climatiques.
Le projet SoutH2 Corridor atteint une étape clé avec la signature d’un protocole d’accord pour la réalisation d’études de faisabilité. Cette collaboration, conclue le 14 octobre à Oran, rassemble la société algérienne Sonatrach et un consortium européen composé de Sea Corridor, Snam (Italie), VNG (Allemagne) et Verbund Green Hydrogen (Autriche). L’objectif est de mettre en place une chaîne d’approvisionnement d’hydrogène vert reliant l’Algérie à l’Allemagne, en passant par la Tunisie, l’Italie et l’Autriche.
Ce projet ambitieux vise à terme à fournir annuellement 4 millions de tonnes d’hydrogène vert algérien au cœur industriel de l’Europe. Une telle infrastructure énergétique transcontinentale pourrait révolutionner les échanges énergétiques euro-méditerranéens, similaire à l’impact historique des gazoducs dans le passé.
Le SoutH2 Corridor bénéficie d’un soutien politique de haut niveau, avec les gouvernements algérien, italien, allemand et autrichien manifestant leur engagement envers cette initiative. Cette coopération s’inscrit dans une dynamique plus large de collaboration énergétique entre l’Algérie et l’Europe. En janvier 2023, les présidents algérien et italien avaient évoqué la possibilité de réactiver le projet de gazoduc Galsi pour le transport d’hydrogène vert, d’ammoniac et d’électricité. Cette vision d’un « corridor énergétique vert » reflète la volonté de moderniser les infrastructures existantes pour répondre aux défis de la transition énergétique.
Le SoutH2 Corridor va au-delà d’une simple infrastructure de transport en devenant un catalyseur potentiel de la transition énergétique régionale. Pour l’Algérie, c’est l’occasion de diversifier son économie au-delà des hydrocarbures traditionnels et de jouer un rôle majeur sur le marché émergent de l’hydrogène vert. Pour l’Europe, ce corridor énergétique offre une voie concrète pour réduire sa dépendance aux énergies fossiles, tout en renforçant sa sécurité énergétique et en stimulant le développement des technologies liées à l’hydrogène sur tout le continent.
La réalisation des études de faisabilité marque le début d’un processus de développement long et complexe. Malgré les défis techniques, économiques et réglementaires, l’engagement des acteurs industriels et gouvernementaux laisse entrevoir un avenir prometteur pour cette initiative ambitieuse. Le SoutH2 Corridor pourrait devenir un exemple de coopération énergétique internationale, ouvrant la voie vers un avenir énergétique plus durable et interconnecté en Méditerranée et au-delà.