L’Algérie, un partenaire clé de la France dans le commerce du blé tendre, a récemment décidé de suspendre ses importations de céréales françaises. Cette décision, prise dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre les deux pays, a des répercussions significatives sur l’industrie céréalière française, comme l’a souligné Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé des grandes cultures de FranceAgriMer.
Malgré une certaine compensation grâce à des exportations déjà limitées cette année, cette situation suscite de sérieuses inquiétudes pour les futures campagnes. Le marché algérien, traditionnellement privilégié en raison de sa proximité géographique et de ses liens économiques, représente un vide important dans les exportations françaises de blé tendre.
Cette absence française sur le marché algérien profite à l’Ukraine et à la Russie, qui renforcent leur présence dans la région. L’Union européenne soutient activement les exportations céréalières ukrainiennes, tandis que l’Espagne, confrontée à une baisse de sa production, absorbe une part importante des volumes ukrainiens.
Les perspectives pour la campagne 2024-2025 sont préoccupantes, avec des exportations de blé tendre français vers les pays tiers estimées à seulement 3,5 millions de tonnes, un niveau historiquement bas. Le retrait de la Chine, autrefois un gros importateur, entraîne une accumulation record des stocks français, estimés à 1,61 million de tonnes.
Face à ces défis, la France explore de nouvelles opportunités en Afrique subsaharienne tout en cherchant à restaurer sa compétitivité face aux exportateurs émergents. La normalisation des relations diplomatiques avec l’Algérie pourrait rouvrir ce marché crucial, mais rien n’est certain. Cette crise met en lumière la vulnérabilité du secteur agricole aux enjeux géopolitiques et souligne la nécessité d’une diversification stratégique des marchés d’exportation.