Les relations entre la France et le Niger connaissent une période instable depuis le coup d’État militaire survenu il y a un an. Cette situation impacte directement les intérêts économiques français dans le pays, en particulier dans le secteur minier. Orano, géant français du nucléaire, en subit les conséquences. Récemment, les autorités nigériennes ont révoqué la licence d’exploitation du gisement d’Imouraren à l’entreprise, invoquant des retards dans la mise en production. Cette décision s’inscrit dans la volonté du nouveau régime de reprendre le contrôle des ressources naturelles du pays, remettant en question les accords passés avec les sociétés étrangères.
Orano fait face à un avenir incertain au Niger, comme le reflète son bilan semestriel. Le groupe a enregistré une perte de 133 millions d’euros, en net contraste avec le bénéfice de 117 millions d’euros réalisé à la même période l’année précédente. Cette baisse significative est principalement due aux difficultés rencontrées dans ses activités minières dans le pays. Orano a dû provisionner près de 200 millions d’euros, dont 69 millions liés à la perte du permis d’Imouraren et 105 millions pour sa filiale Somaïr.
La Somaïr, seule mine encore exploitée par Orano au Niger depuis plus de 50 ans, se retrouve dans une situation délicate. Incapable d’exporter sa production d’uranium en raison de problèmes logistiques, elle risque une cessation de paiement imminente, mettant en péril les intérêts d’Orano ainsi que l’emploi de nombreux travailleurs locaux.
Malgré ces défis, Orano s’efforce de maintenir le cap en rassurant ses clients sur la sécurité de leurs approvisionnements, mettant en avant la diversité de ses sources au Canada et au Kazakhstan. Cette stratégie de diversification est cruciale dans un contexte où le nucléaire suscite un intérêt croissant, augmentant les prix de l’uranium et stimulant les activités de conversion et d’enrichissement.
Alors que le marché du nucléaire semble prometteur, Orano doit naviguer entre les ambitions souverainistes du nouveau régime nigérien et la nécessité de protéger ses intérêts économiques. Cette situation souligne la complexité des relations entre les anciennes puissances coloniales et les pays africains riches en ressources, où les enjeux économiques se mêlent aux questions de souveraineté nationale.
Face à ces turbulences, Orano maintient ses perspectives pour la fin de l’année, visant un chiffre d’affaires stable autour de 4,8 milliards d’euros. Le groupe mise sur la diversification de ses activités, notamment dans la médecine nucléaire et le recyclage des batteries, pour assurer sa pérennité. Cependant, l’incertitude persistante au Niger pourrait continuer à peser sur ses résultats, obligeant l’entreprise à repenser profondément sa stratégie en Afrique.