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Nouvelle-Calédonie : France déporte leaders comme en période coloniale

Nouvelle-Calédonie : France déporte leaders comme en période coloniale

La Nouvelle-Calédonie, territoire figurant sur la liste des territoires à décoloniser des Nations Unies depuis 1986, est actuellement au centre d’une vive polémique. Cette situation évoque les sombres heures de la colonisation où des leaders africains étaient déportés pour réprimer leurs revendications indépendantistes. A l’époque, des figures majeures de la résistance, comme le roi Behanzin du Dahomey ou la reine Ranavalona III de Madagascar, furent exilées par la France, loin de leurs terres, dans le but de réprimer les soulèvements anti-coloniaux.

Après une récente vague de violence, plusieurs dirigeants indépendantistes kanaks ont été emprisonnés et transférés en métropole française, déclenchant une série de protestations en Nouvelle-Calédonie. Ces événements ont été déclenchés par l’arrestation et la mise en examen de ces militants, qui, selon les défenseurs des droits des peuples autochtones, ne sont pas responsables de violences mais luttent pour l’indépendance de leur territoire.

Dans une interview accordée à France Info, François Roux, avocat honoraire du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), a vivement critiqué ces actions, les qualifiant de vestiges d’une « justice coloniale ». Il insiste sur l’importance d’une approche favorisant la médiation plutôt que la criminalisation de la lutte pour l’indépendance. Selon lui, une commission de vérité et de réconciliation, similaire aux initiatives précédant les accords de Nouméa, pourrait être la solution pour progresser vers l’autonomie.

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L’avocat plaide également pour le rapatriement des militants détenus en France, estimant que la Nouvelle-Calédonie doit être traitée comme une entité indépendante, en conformité avec la Constitution française. Cette perspective est considérée comme un moyen de dépasser les vestiges coloniaux et de tendre vers une coexistence pacifique et respectueuse des aspirations kanakes.

L’histoire coloniale de la France, marquée par l’envoi de bagnards et de militants politiques en Nouvelle-Calédonie, dont Louise Michel, illustre les parallèles troublants avec la situation actuelle. Ces références historiques soulignent l’ironie de la déportation, cette fois de la Nouvelle-Calédonie vers la France, d’individus dont le seul crime est leur engagement politique.

La critique de Roux est limpide : il est essentiel de mettre un terme à la criminalisation des militants indépendantistes qui luttent pour une cause qu’ils estiment légitime. Les prochains mois seront déterminants pour savoir si les tensions actuelles pourront être apaisées par le dialogue et la négociation, ou si elles s’enliseront dans un cycle de répression et de résistance. La réponse de la France à ces enjeux influencera non seulement l’avenir politique de la Nouvelle-Calédonie, mais aussi la qualité de ses relations avec les peuples autochtones qui y résident.

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