Le secteur de l’énergie au Ghana fait face à une période critique, caractérisée par d’importantes dettes et des coupures d’électricité fréquentes. Ces défis structurels et financiers mettent en lumière les difficultés auxquelles le pays est confronté malgré ses ressources énergétiques considérables.
D’après les déclarations récentes du ministre de l’Énergie, John Abdulai Jinapor, la dette du secteur énergétique a dépassé les 3 milliards de dollars, soit une augmentation significative par rapport aux 2,1 milliards enregistrés en 2017. Cette situation témoigne d’une détérioration des finances du secteur.
L’absence de comptabilisation précise des ventes d’électricité est l’un des principaux facteurs contribuant à cette crise, comme l’a souligné le ministre devant la Commission des nominations du Parlement. Cette lacune a accentué les tensions financières, en particulier envers les producteurs d’électricité indépendants (IPP) qui jouent un rôle essentiel dans l’approvisionnement énergétique du pays.
Ces producteurs, qui sont en attente de paiements s’élevant à environ 1,2 milliard de dollars de la part de l’État, rencontrent des difficultés à maintenir leurs activités. Cette situation impacte directement leur capacité de production d’électricité, contribuant ainsi aux coupures récurrentes et plongeant les consommateurs dans l’incertitude.
Malgré la présence d’infrastructures de production d’électricité importantes au Ghana, telles que les barrages hydroélectriques majeurs à Akosombo, Kpong et Bui, ainsi que des réserves offshore de pétrole et de gaz, le pays demeure fortement dépendant des importations de gaz naturel du Nigeria pour alimenter ses centrales.
Actuellement, le gaz naturel représente 62,6 % de la production d’électricité, tandis que l’hydroélectricité représente 35,4 %, selon les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Cette dépendance au gaz importé expose le secteur aux fluctuations des prix et aux perturbations d’approvisionnement, accentuant ainsi les défis financiers et opérationnels.
Pour faire face à cette crise, le président John Mahama a pris des mesures d’urgence, telles que l’importation de carburant et l’organisation de rencontres avec les acteurs du secteur énergétique. L’objectif est de renforcer les réserves de carburant, d’améliorer l’efficacité des infrastructures et de réduire les inefficacités systémiques.
Par ailleurs, le Ghana s’est engagé dans une restructuration globale de sa dette, évaluée à 5,4 milliards de dollars, avec le soutien d’un programme de 3 milliards de dollars du Fonds monétaire international dans le cadre de la Facilité élargie de crédit. Le FMI souligne l’urgence de résoudre les problèmes du secteur énergétique pour éviter des pressions budgétaires supplémentaires.
Malgré les défis rencontrés, le secteur énergétique demeure crucial pour le développement économique du Ghana et pour attirer des investissements étrangers. Cependant, pour exploiter pleinement son potentiel, le pays devra renforcer la transparence financière, réduire sa dépendance aux importations de gaz et améliorer la gestion de ses infrastructures.