L’Alliance des États du Sahel (AES) est confrontée à une opposition croissante de l’Algérie, en particulier avec le Mali, mettant en lumière les tensions régionales exacerbées. L’Algérie, qui partage des frontières avec plusieurs pays du Sahel, a souvent été considérée comme un acteur influent dans la région. Cependant, ses relations avec les membres de l’AES, en particulier le Mali, se sont détériorées au fil du temps en raison de divergences politiques et sécuritaires. L’Algérie a adopté une approche parfois perçue comme intrusive par les nations du Sahel.
Au Maghreb, le Maroc, qui n’est pas membre de l’Alliance des États du Sahel, s’oppose également à l’Algérie en ce qui concerne la gestion des affaires du Sahel. Lors d’une conférence de presse avec son homologue burkinabé, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a critiqué ouvertement les ingérences étrangères, y compris celles de l’Algérie. Il a souligné la politique du Maroc basée sur le principe de non-ingérence, mettant en avant l’importance de la stabilité et de la transition démocratique dans le Sahel. Bourita a rejeté les approches qu’il considère comme du chantage et des politiques de donneurs de leçons, attribuées non seulement à certains pays européens mais également à l’Algérie.
Le Maroc prône une approche de soutien et d’accompagnement plutôt que de substitution, en opposition à ce qu’il perçoit comme des tentatives de manipulation de la situation au Sahel par l’Algérie. Cette divergence souligne un contraste significatif dans les approches des deux nations maghrébines concernant les défis sécuritaires et politiques dans la région du Sahel. Bourita a également mis en avant le rôle actif que le Maroc souhaite jouer dans la stabilisation et le développement du Sahel, en s’appuyant sur une politique royale d’accès à l’Atlantique pour les pays sahéliens.
Ces développements surviennent dans un contexte où le Sahel est confronté à d’importants défis, tels que des insurrections jihadistes et des crises politiques internes. Les pays de l’Alliance des États du Sahel, bien qu’ils aient formé cette alliance pour renforcer leur autonomie vis-à-vis des influences extérieures, se retrouvent au cœur d’une lutte d’influence où les anciennes puissances coloniales et les pays voisins cherchent à étendre leur influence.
Les implications de cette dynamique pour l’avenir de la région sont profondes. Si les pays de l’Alliance des États du Sahel parviennent à maintenir une position unie, ils pourraient effectivement naviguer vers une plus grande indépendance politique et sécuritaire. Cependant, les frictions avec des acteurs clés comme l’Algérie pourraient compromettre ces efforts. L’avenir de la coopération régionale au Sahel pourrait dépendre de la capacité des nations sahéliennes à concilier ces relations tendues et à formuler une stratégie inclusive qui respecte les aspirations à l’autonomie de chaque pays tout en contribuant à la stabilité régionale.